moeurs, coutumes et atavismes judeo-chrétiens quand tu nous tiens

Hier soir, on a été invités chez Aldo et Licia (les proprio qui sont aussi l'oncle et la tante de Alessandro l'ami de Danilo, vous suivez ?). Licia est un petit bout de femme sur la bonne soixantaine hyper instruite et adorable et Aldo est un vrai "signore"  salentino tout aussi gentil. Moi je les aime déjà beaucoup.
Ce qui est intéressant, depuis que je suis dans cette région de l'Italie, c'est de constater et de vivre les différences culturelles, générationnelles même. Ici, les statuts hommes-femmes, bien que cela ait changé quand même depuis, sont encore bien définis : la femme a le sens du devoir, de la famille et se tient sous la coupe du conjoint. Ce sont des femmes qui travaillent mais qui assument aussi la maison et les enfants (pendant que le mari est dehors).
Je n'ai pas vu un seul homme, dans nos fréquentations actuelles, se lever une seule fois de table pour donner un coup de main à la compagne ! Je remarque aussi que l'homme s'adresse à l'homme lors des discussions "sérieuses" (on ne sait jamais on pourrait ne pas comprendre !).
Un autre exemple, en se balladant dans le centre historique de Nardò (à côté de chez nous) en fin d'après-midi, on a rencontré un homme de belle allure de 82 ans en vélo, Signor Camisa, qui nous a fait découvrir au gré de ses connaissances aproffondies les richesses de Nardò, et lorsque nous sommes arrivés à la place centrale de la ville on a remarqué qu'il n'y avait que des hommes ! pas une femme ! -à part moi-.
Innocemment, j'ai donc fait part de ma surprise à Signor Camisa qui m'a dit : "les femmes sont à la maison, la place de la ville est le lieu de l'homme. En effet, autrefois les hommes se regroupaient sur la place pour chercher du travail et la tradition est restée".

Les différences se ressentent dans la moindre discussion, même avec les femmes. J'essaye de m'adapter -sans m'effacer pour autant- mais je cherche à "respecter" un mode de vie différent du mien .
Combien de fois ne m'a t-on pas demandée quand Dani s'absente pour Milan :
- "mais tu n'as pas peur toute seule à la maison ?
-....................... ben non... je devrais ?
- et tu ne t'ennuie pas ?
- Non non j'ai d'autres centres d'intérêt autre que la maison et mon homme... C'est même cool quand il s'en va car je peux reprendre un peu mes espaces personnels"
-...... mais quand même toute seule dans cette grande maison sans voisins...
- En fait j'ai des voisins mais je ne compte pas vivre chez eux quand Dani n'est pas là ! Tranquillisez-vous, je suis très sereine avec tout ça et puis, si vraiment je devais m'ennuyer un soir, je prends la voiture et je sors à Lecce.
- Toute seule ??!
- Oui, j'ai le permis, Lecce n'est qu'à 20 min de chez moi et Dani m'autorise.
-Ah"

Sinon comme je l'avais souligné au début de ce blog, le Salento a une identité religieuse très forte. Il y a énormément de fêtes populaires qui consistent à célébrer un saint X ou un saint Y. Ces fêtes sont à l'origine païennes adaptées catho. Alors vous comprendrez qu'ici les gens se signent avant de manger et vont à la messe. Tout le monde est baptisé, communié, tralalé, chamboulé, etc,  et le mariage à l'église a une grosse charge symbolique et non pas juste un folkore. Se marier en blanc prend tout son sens encore même si les temps changent et que les filles et les garçons se permettent plus de libertés qu'auparavant. Au grand damn des parents souvent...  
Alors, forcément des discussions de ce genre naissent entre Licia et moi par exemple :

- "De quel saint tu parles Licia ?
- Saint X qui a fait ceci et cela et blabla
- ah d'accord. Excuse mon ignorance en matière religieuse.
- Ah ?
- oui, mais je progresse, j'ai acheté la Bible en BD pour combler mes blancs
- Oui tu sais c'est important, c'est une grande richesse personnelle !
Alors là forcément, pour ceux qui ne sont pas croyants, comme moi, l'idée de richesse personnelle laisse pantois mais je ménage le dialogue avec elle et je réponds :
- J'essaye de cultiver une autre richesse à ma façon.
- Le plus beau livre c'est la bible.
- ah vraiment ?
Moi je pensais plus à La colline de l'ange de Reinaldo Arenas, au Petit Prince, etc... mais bon en même tps j'ai jamais lu la bible alors...
- Tu sais Licia, moi je ne suis pas baptisée,
-....
- Je n'ai aucune connaissance religieuse,
-...
- Je ne pourrai pas me marier à l'Eglise
- ...
- et pour moi la communion se résumait à envier ceux qui la faisaient pour les cadeaux top la classe. Mais ça va.
- quel dommage...

Mais je crois qu'elle m'aime bien quand même Licia. Même si je suis une païenne. Et c'est pour ça que je l'aime bien aussi. Pas de jugements entre nous. Juste de la tendresse.









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